L’utilisation des cartes dans l’art de la divination date du 15ème siècle en Espagne. Elle gagna ensuite l’Italie, le siècle suivant. Mais il a fallu attendre le 18ème siècle, le Siècle des Lumières, pour que cette pratique devienne réellement populaire en France.
Etteila, le précurseur de la divination par les cartes
L’un des précurseurs de la divination par les cartes fut Jean-Baptiste Aliette, dit Etteila (1738-1791). Etteila, qui se présentait comme professeur d’algèbre, était surtout un érudit en occultisme. On connaît peu de choses de sa vie, mais une légende prétend qu’il dispensait gratuitement des cours de magie. En se basant sur les travaux antérieurs d’un autre occultiste, Antoine Court de Gerbelin, Etteila développa sa propre théorie sur le Tarot. Il écrivit plusieurs ouvrages sur la divination par les cartes, qu’il nomma « cartonomancie ». On lui doit deux jeux divinatoires : un jeu de 32 cartes, le « Petit Etteila », et un tarot bien connu, « Le Grand Etteila ». Avec Court de Gerbelin, Etteila peut être considéré comme le fondateur de la divination par le Tarot.
Mademoiselle Lenormand, célèbre cartomancienne
A la suite d’Etteila, le flambeau fut repris par Marie-Anne Lenormand (1772-1843). Dès l’âge de 7 ans, Marie-Anne commença à prédire l’avenir de ses proches, ce que l’on prit, à l’époque, pour les effets d’une imagination enfantine débordante. Devenue adulte et montée à Paris, Marie-Anne fit la rencontre d’une diseuse de bonne aventure, qui, regardant les lignes de sa main, lui confirma qu’elle avait des dons de voyance, et lui prédit un grand destin. La voyante enseigna alors à Marie-Anne les rudiments de l’art divinatoire, par le biais du tarot d’Etteila. Quelques années plus tard, elle ouvrit un « bureau de voyance », sous la dénomination de « Mlle Lenormand, libraire ». Il faut dire qu’à l’époque, la voyance était diabolisée, et sévèrement réprimée par la loi.
La renommée de Mlle Lenormand s’étendit rapidement, et nombre de personnes, hommes et femmes souvent issus de la haute classe, la consultèrent. Dans son cabinet du faubourg Saint Germain, elle reçut notamment Robespierre et Saint Just, ainsi que Joséphine de Beauharnais, avec laquelle elle était intime. Mlle Lenormand utilisait des jeux de cartes classiques, à enseigne française, qu’elle enrichissait d’annotations personnelles, mais elle employait aussi les tarots. Aujourd’hui, de nombreux jeux divinatoires s’inspirent de son nom, même s’ils diffèrent quelque peu des vrais jeux de la voyante : Le Grand Lenormand, le Petit Lenormand, le Jeu de Mlle Lenormand, le Tarot de Mlle Lenormand, etc.
Mlle Lenormand fut incontestablement la cartomancienne la plus célèbre du 19ème siècle, ce qui lui permit d’amasser une fortune considérable. Mais sa plus grande réussite fut sans doute d’avoir rendu populaire l’art de la cartomancie, et d’avoir défriché la route pour les générations de voyants et voyantes qui ont osé, grâce à elle, s’aventurer dans la même voie.
Les supports de la cartomancie
Venons-en maintenant aux supports de la cartomancie. Ils sont de trois types :
• Les cartes classiques (pique, cœur, carreau, trèfle), à enseigne française ou anglaise, qui servent aussi à de nombreux jeux.
• Les Oracles, qui sont exclusivement destinés à la divination. Certains sont anciens, mais d’autres, d’apparition plus récente, jouissent aussi d’une certaine notoriété. Parmi les plus connus, citons l’oracle des Runes, le Yi King, l’oracle Belline, ou encore l’oracle Gé.
• Les Tarots. Le plus célèbre est évidemment le Tarot de Marseille, auquel nous avons consacré un dossier spécial. Mais les voyants et voyantes utilisent également le Grand Tarot de Belline et le Grand Etteila.
Le Grand Etteila est un jeu de 78 lames, inspiré à la fois du Tarot de Marseille et du Tarot Egyptien. L’édition originelle date de 1789, mais diverses variantes en ont été tirées, et il en existe aujourd’hui plusieurs versions. Le Grand Etteila est riche de symboles parlant à l’inconscient, car profondément ancrés dans l’histoire de l’humanité. Sa popularité auprès des professionnels de la voyance est quasiment comparable à celle du tarot de Marseille.
Le Grand Tarot de Belline (à ne pas confondre avec l’Oracle de Belline) est un tarot créé par un occultiste du 19ème siècle, le « mage Edmond ». C’est un tarot de 78 cartes de grande taille, inspiré à la fois du tarot de Marseille et de celui d’Etteila. Belline (voyant en activité de 1950 à 1980), redécouvrit un jour ce tarot méconnu et lui donna son nom. Le Grand Tarot de Belline est aujourd’hui couramment répandu dans les cabinets de voyance.
Le symbolisme des cartes
L’interprétation d’un tirage repose sur le symbolisme des cartes. Pour le jeu de cartes classiques, nous nous limiterons aux couleurs :
Le cœur : il renvoie directement à l’organe de la circulation sanguine. Il symbolise l’affectif, la famille, les liens du sang.
Le carreau : en analogie avec la flèche, il évoque le but à atteindre. Il porte en lui une idée de mouvement, de déplacement, de mobilisation de l’énergie.
Le pique : il est l’emblème de l’épée, qui permet l’action offensive, la prise de pouvoir. Par extension, il évoque aussi le glaive de la justice, celui qui tranche, au nom de la loi.
Le trèfle : son symbolisme est double. Tel un talisman, il apporte la chance et la protection. Mais le trèfle est aussi associé au denier, à l’écu. Il est de bon augure pour les questions d’argent.
Ainsi, un tirage comportant une majorité de cœur se montrera particulièrement parlant sur les préoccupations du consultant dans le domaine affectif.
Un tirage présentant une forte proportion de carreau informera le consultant sur l’évolution de sa situation professionnelle, sur l’aboutissement ou non de ses projets.
Un tirage avec beaucoup de pique avertira souvent de problèmes d’ordre juridique ou révèlera le résultat d’une importante décision de justice.
Un tirage faisant apparaître une dominante de trèfle répondra aux interrogations du consultant en ce qui concerne ses finances.
Pour ce qui concerne l’univers passionnant des Tarots, nous vous invitons à voir notre dossier spécial consacré au Tarot de Marseille.
L'interprétation du tirage de cartes
Avec un apprentissage suffisant, on peut parfaitement se faire un tirage de cartes ou de tarots soi-même. Mais l’interprétation reste toujours un art difficile, qui n’est pas à la portée de tout un chacun. Il importe, bien sûr, de maîtriser suffisamment le symbolisme propre à chaque carte. Mais la principale difficulté vient du fait qu’il faut savoir combiner ces différents symbolismes entre eux, pour en tirer une interprétation cohérente. De longues années de pratique, doublées de vraies qualités médiumniques, s’avèrent nécessaires. Ce n’est qu’à ce prix que les cartes permettent de lire et d’éclairer l’avenir.