L’expérience de mort imminente se produit au moment où une personne frôle la mort cérébrale définitive. C’est le cas, notamment, lors d’un accident, d’un grave traumatisme ou d’une opération chirurgicale qui tourne mal.
● Des récits concordants
Les récits des patients qui ont vécu une telle épreuve sont d’une troublante similitude. Dans un premier temps, ils ont senti qu’ils quittaient leurs corps, puis qu’ils s’élevaient au-dessus de celui-ci, en devenant spectateurs de la scène où ils se trouvaient physiquement. Et alors qu’ils étaient déclarés cliniquement morts, ils pouvaient, une fois rétablis, raconter les teneurs des conversations tenues par les divers intervenants (secouristes, chirurgiens, témoins, personnes proches…).
Et leurs témoignages peuvent difficilement être mis en doute, dans la mesure où ils s’accompagnent de détails plutôt convaincants. Ainsi cet ancien militaire, victime, au début de sa carrière, d’une balle perdue qui lui perfora le foie. Opéré alors qu’il se trouvait dans un état désespéré, et bien sûr totalement inconscient, il fut capable de relater les moindres détails de son opération. Il fit notamment remarquer au chirurgien qu’il avait commis une faute dans sa pratique médicale : en faisant passer son foie d’une main à l’autre, il avait malencontreusement entaillé celui-ci. Une remarque d’autant plus étonnante qu’elle était parfaitement exacte.
Une jeune femme, opérée aussi dans un état critique, a raconté être passée à travers la cloison de la salle d’opération, pour rassurer deux de ses proches situées en salle d’attente. Elle les voyait, même si eux ne la voyaient pas, et entendait parfaitement la teneur de leur conversation.
Un autre exemple édifiant est cette autre jeune personne, victime d’un accident de la route. Incapables de la réanimer, deux des secouristes arrivés sur les lieux pensèrent qu’elle était morte. Ils crurent alors pouvoir lui prendre sans risques ses bijoux, si bien que l’un d’entre eux les mit dans sa poche. Finalement réanimée alors que tout espoir paraissait perdu, la jeune femme put décrire la scène qu’elle avait vue, et le geste du secouriste indélicat. Et on retrouva bien sur la personne les bijoux subtilisés.
Parmi les personnages célèbres ayant vécu une E.M.I, un cas bien connu est celui de l’écrivain Ernest Hemingway. Blessé à la guerre par un éclat d’obus, il raconta avoir eu l’impression que son âme sortait de son corps comme un mouchoir sort de sa poche, avant qu’elle ne le réintègre.
Les témoignages d’E.M.I. sont innombrables, et concordants. On estime à environ 10% de la population ceux et celles qui ont vécu une expérience de mort imminente, doublée d’une sortie de leur corps, à un moment donné de leur vie. On les appelle les « expérienceurs ». En une cinquantaine d’années, le nombre d’expérienceurs se monterait à plusieurs dizaines de millions dans le monde.
● Deux cas très exceptionnels
Malgré des récits d’une troublante précision, nombreux sont les sceptiques qui assimilent ces expériences à de simples productions du cerveau, voire à des hallucinations. Deux cas, très différents, celui de Pamela Reynolds, et du Dr Eben Alexander, semblent pourtant mettre à mal cette interprétation.
En 1991, Pamela Reynolds, souffrant d’un anévrisme, dut subir une intervention au cerveau. Pour les besoins de l’opération, les médecins devaient refroidir son cerveau à 15.5°. A cette température, il est prouvé que les connexions entre neurones sont impossibles, on peut donc affirmer que le cerveau ne fonctionne plus. Pourtant, à son réveil, Pamela Reynolds décrivit avec une grande précision les différentes étapes de l’opération, les instruments utilisés, les propos échangés entre le cardiologue et le chirurgien, etc. Tout fut dûment consigné, et vérifié point par point. Et ce récit ne pouvait pas provenir d’une production de son cerveau, puisque celui-ci était comme mort. Le mystère reste donc entier.
Le récit du Dr Eben Alexander dérange tout autant les dogmes des esprits cartésiens. En 2008, ce neuro chirurgien d’Harvard tombe dans un profond coma, suite à une grave méningite. Il vit alors une E.M.I, dans laquelle il dit avoir rencontré une femme souriante, mais dont le visage lui était parfaitement inconnu. Deux mois plus tard, retrouvant ses parents biologiques (qu’il ne connaissait pas) il reconnaît, sur une photo de famille, la femme qu’il avait rencontrée lors de son E.M.I. Ses parents lui révèlent alors que la photo est celle de sa sœur biologique, décédée à la même date que son E.M.I. La vision qu’il avait eue lors de son E.M.I ne pouvait donc pas être une production de son cerveau, puisqu’à cette date, il ignorait jusqu’à l’existence même de cette sœur.
● La recherche de preuves
Les médecins, et notamment les anesthésistes, ont été parmi les premiers à s’intéresser aux récits des expérienceurs. Les pionniers semblent avoir été les docteurs Peter Fenwick et Sam Parnia, spécialistes en soins intensifs à l’hôpital de New-York. Pour vérifier les dires de certains de leurs patients, ils ont eu l’idée de placer des « cibles », c'est-à-dire des objets cachés en hauteur dans des salles d’opération. A charge pour les patients sortis de leurs corps de trouver ces cibles, et de décrire leurs contenus. Mais, malgré un certain recul, l’expérience ne semble pas avoir été encore couronnée de succès.
Plus récemment, en France, un médecin anesthésiste a repris ce type d’expérience. A son initiative, il a ainsi été déposé, en divers endroits stratégiques de l’hôpital (service d’urgence, de réanimation ou encore bloc opératoire), des enveloppes scellées par huissier, contenant chacune un objet ou un message. Là encore, le but est de vérifier si un patient en état de mort imminente et de sortie extra corporelle, pourrait arriver à lire le message. Résultat décevant, car personne, à ce jour, n’a réussi à donner le contenu d’aucune des enveloppes.
● Sortie du corps et E.M.I
On a tendance à confondre la sortie du corps à l’expérience de mort imminente. Il y a certes un point commun, la sensation de sortir de son enveloppe charnelle et de voir son corps de l’extérieur, en spectateur. Mais une personne arrivant à sortir de son corps par un procédé quelconque (relaxation, électrodes reliées au cerveau…) n’aura jamais les « pouvoirs » décrits par les expérienceurs. Les personnes en état de mort imminente racontent souvent qu’ils se sont sentis des possibilités quasi illimitées : l’impression d’avoir une connaissance universelle du monde, de pouvoir se déplacer, à leur guise, en d’autres lieux que celui où se trouvent leurs corps… Certains ont même eu des prémonitions. Bien qu’apparaissant similaires, les deux phénomènes sont donc de nature différente.
En outre, l’expérience de mort imminente va bien au-delà de la simple sortie du corps. Beaucoup d’expérienceurs racontent avoir ensuite été entraînés dans un tunnel, au bout duquel brillait une lumière éclatante, avec un sentiment de plénitude qu’ils n’avaient jamais connu sur terre.
Dans la plupart des cas, cette incursion provisoire dans un autre monde est vécue de manière positive. Elle laisse toujours, chez ceux qui l’ont vécue, un souvenir indélébile. Tous disent avoir changé à la suite de cette expérience, comme aucune drogue ou aucune hallucination n’aurait pu le faire. Tous ont connu un profond bouleversement au niveau de leurs valeurs personnelles, de leur relationnel, de leur vision du monde, dans le sens, généralement, d’un plus grand détachement des valeurs matérielles, d’une plus grande sérénité.