Les médecines parallèles connaissent de nos jours un succès grandissant. Exerçant dans l’ombre de la médecine traditionnelle, les guérisseurs, magnétiseurs et autres rebouteux reçoivent une clientèle soucieuse « d’essayer autre chose ». A l’évidence, les deux disciplines n’ont rien de commun. L’une, scientifique, rationnelle, enseignée en université, se perfectionne sans cesse, en s’enrichissant des avancées constantes de la recherche. L’autre, empirique, basée sur un savoir ancestral ou la transmission d’un don, reste immuable de génération en génération.
Plus la médecine moderne progresse et démontre son efficacité, plus le fossé se creuse entre les praticiens officiels et leurs concurrents non diplômés. Rares sont les médecins qui daignent s’intéresser et faire confiance à ceux qu’ils considèrent comme des charlatans, ou, dans le meilleur des cas, comme des sorciers d’un autre âge.
Et cette défiance se trouve parfois parfaitement justifiée. Car, pour une personne malade, le risque de se faire abuser par un individu sans scrupule est bien réel. Fragilisés ou diminués par la maladie, certains patients en viennent à interrompre leur traitement médical pour s’en remettre aux incantations ou autres potions magiques d’un guérisseur autoproclamé. Malheureusement, en s’égarant de la sorte, ils perdent beaucoup de temps, ainsi que leurs meilleures chances de guérison.
Une pratique complémentaire à la médecine officielle
Ces personnages douteux, qui finissent parfois devant les tribunaux pour exercice illégal de la médecine, ternissent un peu l’image de la profession. Mais l’immense majorité des guérisseurs est constituée de praticiens honnêtes et sérieux, qui se voient juste comme des adjuvants à la médecine officielle, sans jamais interférer avec les traitements prescrits par les médecins. Ces guérisseurs interviennent généralement pour des maux mineurs tels que le psoriasis, l’eczéma, les tendinites, certaines allergies ou encore le zona.
Le soulagement des douleurs
Quelques médecins, à l’esprit ouvert, acceptent bon gré mal gré cette discrète collaboration. Dans bien des cas, il s’agit de soulager une douleur, ou de la rendre plus supportable, alors que la médecine traditionnelle peine à trouver une solution. Ainsi le témoignage de ce coureur à pied de haut niveau, opéré plusieurs fois des chevilles et des mollets, qui n’a pu reprendre ses entraînements qu’avec l’aide d’un magnétiseur. N’étant désormais plus opérable, les séances de magnétisme constituaient un dernier recours pour ses douleurs chroniques, récalcitrantes aux traitements classiques.
Une autre intervention appréciée est celle des « coupeurs de feu », qui apaisent les brûlures par simple imposition des mains. L’effet bénéfique de leurs prestations est si bien reconnu que certains services hospitaliers les ont inscrits sur leurs registres. On fait alors discrètement appel à eux pour soulager des brûlures causées par un accident, ou dans les traitements de cancer par radiothérapie.
Bien sûr, ces pratiques ne font pas encore l’unanimité au sein du corps médical. Mais leurs partisans argumentent : pourquoi se priver d’un adjuvant qui n’interfère aucunement avec les prescriptions médicales, si le patient en ressent une réelle amélioration de son état ? Et comme les passes du magnétiseur se font sans contact direct avec le corps du patient, de telles séances ne comportent évidemment aucun risque pour celui-ci.
Un mécanisme d’action encore mal connu
Il n’en reste pas moins patent que la science s’avère incapable de donner une explication cohérente à l’action mystérieuse des guérisseurs. Des chercheurs ont certes pu mesurer que les mains des magnétiseurs et de certains maîtres de disciplines orientales émettaient des champs électromagnétiques nettement plus puissants que celles des sujets ordinaires.
On met aussi en cause l’effet placebo : le talent essentiel des guérisseurs serait surtout celui de déclencher chez le malade le mécanisme d’auto guérison. Mais même si l’effet placebo ne saurait tout expliquer, il n’en reste pas moins préférable de croire dans le don du guérisseur pour franchir le seuil de sa porte. D’ailleurs, nombre de praticiens déconseillent aux personnes incrédules ou réticentes de venir les consulter.
Le débat sur cet étrange pouvoir de soigner reste donc largement ouvert, et sans doute encore pour longtemps. Mais qu’importe, si l’intervention du guérisseur se montre efficace, et aide la personne souffrante à mieux supporter ses maux ?