La croyance en une ou plusieurs vies antérieures est partagée par toutes les cultures, et ce depuis les toutes premières civilisations. Elle est très présente, notamment, dans le continent africain et bien sûr en Asie. Et depuis les années 80, l’idée de la réincarnation ne cesse de progresser en occident. De nos jours, au moins un quart des français croient en l’existence des vies antérieures, pourcentage atteignant un bon tiers parmi les catholiques pratiquants.
● Une vision différente selon les cultures
Si elle est largement partagée de par le monde, la réincarnation est néanmoins perçue très différemment selon les cultures et les modes vie. Ainsi, les occidentaux y voient surtout la possibilité de profiter à nouveau de la vie terrestre, de jouir à nouveau du plaisir d’exister. Une optique assez épicurienne, en somme, plus proche d’un hédonisme païen que du sentiment religieux.
A l’opposé, les hindous s’efforcent d’échapper à leur réincarnation. Pour nombre d’entre eux, l’essentiel est de vivre l’existence présente, sans s’encombrer du poids et des troubles des vies passées. Il importe de garder intactes les chances toutes neuves qui nous sont données pour réussir enfin notre parcours ici-bas. Tout ce qui peut suggérer ou révéler une réincarnation est mis sous le boisseau. A l’inverse de l’occident, où des parapsychologies se sont désormais spécialisés dans la régression vers les vies antérieures, il existe en Inde des thérapeutes qui se chargent de faire oublier leurs existences passées aux personnes qui en gardent un souvenir. La connaissance des vies antérieures reste l’apanage de rares privilégiés, des sages qui seuls ont la force mentale d’en supporter la révélation.
Quant aux parents hindous, ils voient généralement d’un mauvais œil les récits de leurs enfants, lorsque ceux-ci font allusion à des bribes d’une vie passée. La parentalité reste un privilège difficile à partager. On peut le comprendre. Comment accepter que le petit être que l’on a mis au monde ait pu avoir, dans une autre vie, d’autres parents que soi? Tout est donc fait pour brouiller ou enterrer définitivement tout souvenir gênant, ce qui entraîne parfois des troubles de personnalité chez les enfants concernés.
Et cet évitement de la réincarnation revient en force, la vieillesse arrivant. Lorsqu’ils sentent que leur fin est proche, nombre d’hindous rejoignent les rives du Gange pour y finir leurs jours. Car la croyance affirme que mourir près du Gange met un terme définitif au cycle des réincarnations, permettant ainsi d’accéder à la vie éternelle.
● La réincarnation volontaire des maîtres tibétains
Au Tibet, l’idée de réincarnation apparaît plus positive. C’est notamment le cas pour les tulkous, ces lamas tibétains capables de se réincarner indéfiniment, et ce à volonté. L’idée centrale est la compassion : ils retournent volontairement sur terre pour venir en aide à l’humanité, pour la faire grandir et progresser. C’est le niveau le plus élevé de la réincarnation. A l’inverse de l’homme ordinaire, qui subit des réincarnations conséquences de vies antérieures non abouties au plan spirituel, le tulkou revient pour répandre sa sagesse et enseigner son savoir d’initié.
On peut se montrer dubitatif sur de telles assertions, mais certains lamas sont capables d’indiquer, avant leur mort, des indices permettant de reconnaître leur réincarnation future : caractéristiques physiques particulières, lieu de naissance nom des futurs parents… Parfois, la naissance s’accompagne de phénomènes étranges et inexplicables, des sortes de miracles, qui représentent autant de signaux pour ceux qui sont chargés de les rechercher. Et lorsqu’on les retrouve, on constate que ces enfants censés être de grands sages réincarnés, font preuve, dès leur plus jeune âge, d’une étonnante maturité.
● Un sens à notre vie
Existe-t-il des arguments intellectuels en faveur de la réincarnation ? Si notre venue sur terre doit avoir un sens, une cohérence, l’hypothèse de ne disposer que d’une seule vie n’est guère satisfaisante, tant le monde ici-bas est fait d’injustice. Nous naissons tous avec des atouts différents, dans des milieux divers et variés, avec donc des chances très inégales. Et ceci influe fortement sur notre parcours, sur nos attitudes, sur nos choix. Si notre naissance est un pur hasard, et si nous devons mourir sans espoir de retour, notre éternité se joue alors comme sur un coup de dés. On nage en pleine absurdité.
A l’inverse, la réincarnation donne tout son sens à notre vie. Elle accroît notre liberté et nous responsabilise. Elle repose sur le principe de causalité : chaque vie nouvelle découle de celle qui l’a précédée. Les conditions dans lesquelles nous nous trouvons dans cette vie sont les effets des causes que nous avons crées dans nos vies antérieures.
Au cours de notre existence présente, nous devons donc progresser au plan spirituel, nous purifier pour mériter une vie future meilleure. Il y a là une vraie logique, une continuité salutaire. Ainsi, la sagesse acquise au fil des années ne sera pas perdue, mais servira au contraire pour mieux nous comporter dans la prochaine vie.
● Des preuves édifiantes
Les témoignages tendant à prouver la réalité de la réincarnation sont innombrables. Les indices sont si troublants que certains scientifiques, parmi les plus compétents, se sont penchés sur le sujet.
Les premières recherches sérieuses ont été menées par le psychiatre canadien Ian Stevenson, qui a rassemblé ses travaux en 1966 dans un ouvrage intitulé « Vingt cas suggérant la réincarnation ». Le Dr Jim Tucker, professeur en sciences neuro-comportementales à l’université de Virginie, a repris et poursuivi les recherches du Dr Stevenson. Le Dr Tucker confirme qu’il existe bien, un peu partout dans le monde, des enfants qui semblent avoir souvenir de leurs vies précédentes. Le Dr Tucker s’est penché, en particulier, sur le cas de Cameron Cauley, un petit garçon anglais alors âgé de 5 ans, né à Glasgow. La mère de Cameron, Norma Cauley, affirme que depuis qu’il est en âge de parler, Cameron raconte toujours la même histoire : il aurait vécu, autrefois, sur l’île de Barra, une île située à plusieurs centaines de kilomètres de Glasgow, sur laquelle ni lui ni sa famille ne sont jamais allés. Les détails donnés, et même dessinés, par Cameron étaient d’une étonnante précision : une maison blanche, une plage d’où il voyait des avions décoller, un chien noir et blanc, une famille Richardson, etc. Un crève-cœur pour sa mère, car Cameron, parfois, demandait à revoir une maman qui, d’après lui, l’attendait…
La mère de Cameron, le Dr Tucker et une équipe de journalistes ont alors décidé de se rendre sur l’île de Barra, pour vérifier la réalité des dires de l’enfant. La maison blanche, la plage, les avions existaient bien, la famille Richardson aussi. En entrant dans la maison blanche, Cameron semblait déjà la connaître, restant un long moment devant la fenêtre d’où, d’après ses dires, il voyait autrefois son frère et sa sœur jouer sur la plage. Curieusement, de retour de ce voyage, Cameron n’évoqua plus jamais l’île de Barra, comme si, désormais en paix avec son passé, il avait intégré l’idée qu’il devait maintenant vivre pleinement sa vie présente.
L’histoire du petit Cameron est loin d’être unique. Pour tenter d’expliquer ces récits d’enfants, le Dr Tucker pense que la conscience n’est pas uniquement un dérivé du cerveau, organe physique. Elle serait plutôt une entité autonome, séparée. Le Dr Tucker donne, comme exemple, celui d’un poste de télévision, qui reçoit et décode le signal hertzien, mais ne le crée pas. Le cerveau ne serait donc qu’un simple récepteur d’une conscience capable de lui survivre au-delà de la mort physique.
Très étonnants également sont ces jeunes enfants qui parlent spontanément une langue qu’ils n’ont jamais apprise. L’historien boudhiste Dominique Lormier décrit le cas d’un médecin de New York du début du 20ème siècle, le Dr Marshall Duffie, qui entendait ses jumeaux parler entre eux une langue inconnue. Il emmena ses enfants au département de langues étrangères de l’université de Columbia, mais aucun professeur ne fut capable d’identifier leur langage. Plus tard, grâce à l’expertise d’un professeur en langues anciennes, on parvint enfin à résoudre l’énigme : les enfants parlaient l’araméen, une langue morte, mais courante à l’époque de Jésus-Christ…
● Ecouter les paroles des enfants
Si les souvenirs de vies antérieures surviennent très précocement chez les enfants, ils tendent néanmoins à s’effacer vers l’âge de 10 ans, pour disparaître totalement à l’entrée dans l’âge adulte. Il importerait donc d’être à leur écoute, avec bienveillance, sans à priori. Mais les parents se montrent généralement assez peu ouverts aux révélations de leur enfant, surtout lorsque ces révélations s’avèrent dérangeantes en regard de leurs convictions religieuses ou, à l’opposé, d’un rationalisme qui les rassure. Trop souvent, la parole de l’enfant n’est pas prise au sérieux, ou traitée par le mépris par l’entourage familial. Et l’enfant finit par se taire, par enfouir pour toujours ses souvenirs. Une à une, les preuves se trouvent ainsi détruites par la société qui, par scepticisme ou aveuglement, s’évertue à faire taire ses tout jeunes témoins.