Quel a été votre parcours, avant de devenir voyante? J’ai grandi dans un environnement familial classique. Mes parents étaient tous deux fonctionnaires. Chez nous, on parlait souvent de politique, mais jamais de voyance. Comme j’étais plutôt littéraire, j’ai entrepris, après le bac, des études de langues qui me plaisaient beaucoup. J’avais 22 ans lorsque mon père est tombé malade, et cet événement inattendu m’a énormément perturbée. C’était un choc psychologique majeur, qui mettait un terme à l’insouciance que j’avais connue jusque-là. En même temps, j’entendais, assez confusément, une voix intérieure qui me disait que mon père allait s’en sortir. C’est effectivement ce qui arriva. Très troublée par cette étrange prémonition, je suis allée consulter une voyante, non pas pour connaître mon avenir, mais pour savoir ce qu’elle en pensait. La voyante m’a confié qu’elle-même percevait de tels messages, et que cette perception, loin d’être étrangère à la voyance, relève aussi d’une certaine forme de médiumnité.
Comment définissez-vous votre activité : êtes-vous voyante ou médium? Je me situe à la frontière de la voyance et de la médiumnité. Je ne suis pas une pure voyante, dans la mesure où les fameux flashes de voyance ne m’apparaissent pas de façon évidente face à une boule de cristal ou devant un tirage de tarot. Je ne me considère pas médium non plus, les médiums ont des axes de travail et des objectifs très éloignés de ceux qui sont les miens. S’il faut vraiment répondre à votre question, on peut me considérer comme une voyante médium.
De quelle manière consultez-vous? Ce qui m’importe, c’est le problème qui se pose à mon consultant, pour répondre au plus près à ses questionnements. Je ne suis pas le genre de voyante qui cherche à voir dans le passé de son client. A mes yeux, cette quête ne présente guère d’intérêt, car elle n’aide pas la personne concernée qui vient surtout consulter une voyante pour décrypter son avenir. A partir des interrogations de mon client, je reçois des réponses, par le murmure de cette voix intérieure à laquelle je faisais allusion. Ma voyance s’apparente à de la guidance. Je n’invente pas ces réponses, je suis juste une intermédiaire par qui transitent des informations.
Comment jugez-vous la voyance par téléphone? Au tout début, la voyance par téléphone a dû bousculer certains préjugés, qui jugeaient ce mode de voyance peu crédible. Le succès grandissant de cette voyance par téléphone est venu démentir ces a priori négatifs. Je m’en félicite, car, en tant que voyante médium, je peux certifier que je produis la même qualité de voyance en cabinet que par téléphone. La voix transporte une énergie que nous, voyants, captons aisément. Disons que je préfère quand même une voyance en face à face, parce que le contact physique avec le client est d’emblée plus chaleureux, plus sympathique. Mais pour ce qui de la voyance elle-même, j’éprouve les mêmes ressentis.
Quelles sont les qualités d'une bonne voyante? J’ai opté pour le métier de voyante parce que je me sentais investie d’un don, un don qui me chargeait lui-même d’une sorte de mission : je devais mettre ce don de voyance au service des autres. Je ne prétends pas travailler bénévolement, je ne le pourrais pas. Mais j’ai la certitude que je perdrais le don si je n’en faisais pas un bon usage. Pour moi, les qualités de base d’une bonne voyante sont donc le goût des autres, la bienveillance, l’empathie. Si l’on n’a pas ces qualités en soi, il vaut mieux se diriger vers un autre métier.
Annoncez-vous toujours ce que vous ressentez, au risque de contrarier votre consultant? Trop souvent, on vient consulter une voyante en espérant entendre des paroles allant dans le sens que l’on souhaite. C’est humain. Mais le rôle d’une voyante n’est pas d’abonder systématiquement dans le sens de ce qu’attend son client. Dans certaines situations par trop compromises, je suis parfois contrainte de dissuader la personne d’entretenir de faux espoirs. C’est une question d’honnêteté intellectuelle, et je ne rendrais pas service à mon consultant si je lui cachais ce qui l’attend. Mais il y a la manière de dire les choses. Une prédiction de voyance s’imprime toujours assez fortement dans l’esprit de celui ou de celle qui la reçoit. Il est donc important de préparer le terrain avant toute prédiction dérangeante ou inattendue.
Y a-t-il une marge d’erreur dans la voyance? Qui aurait la prétention de ne jamais se tromper ? Malgré son halo de mystère, la voyance est une discipline éminemment humaine, elle n’est jamais à l’abri d’une mauvaise interprétation (de la voyante elle-même ou de son consultant). Ce peut être aussi une erreur d’appréciation dans le temps, car en voyance, on a souvent du mal à situer précisément la date des événements. Lorsque l’on doute des dires d’une voyante, le mieux est alors d’en consulter une autre pour obtenir ou non confirmation.