Comment en êtes-vous venue à la voyance? Je suis née dans la région du Berry, où les croyances, les légendes, les superstitions sont profondément ancrées dans les familles, et se transmettent de génération en génération. Même si ces croyances sont à différencier de la voyance, cela crée une ambiance assez propice pour s’intéresser à l’ésotérisme et à la parapsychologie. Je n’avais pas encore passé mon bac que j’avais déjà mon premier jeu de tarot. J’ai fait mes gammes, pendant pas mal d’années, en tirant les cartes pour mes amies et connaissances, en me documentant aussi. L’apprentissage du tarot nécessite une lente maturation. Ce n’est que bien plus tard que j’ai envisagé sérieusement d’exercer la voyance, et d’en faire mon métier.
Comment définiriez-vous votre activité : êtes-vous voyante, médium, parapsychologue? Je suis voyante, sans hésitation. Le terme parapsychologue me paraît un peu vague et fourre-tout. Quant aux médiums, ils font un travail différent des voyants. Un médium est censé recevoir des messages de défunts, ce qui n’est aucunement mon cas.
Comment se déroulent vos consultations? Chaque consultation est unique, même s’il y a un fil directeur dont je m’écarte finalement assez peu. Je fais d’abord le point sur la situation globale de mon consultant, sur les raisons qui l’ont amené à venir me voir. Je cherche les points de blocage, ce qui a pu lui nuire dans le passé, ce qui l’entrave au présent. Ce n’est qu’après ce travail d’analyse psychologique que je me décide à lire dans son futur. Je ne suis pas un oracle qui annonce des événements inéluctables. Fort heureusement, chacun dispose d’une marge de libre-arbitre, au sein d’une trame générale que la voyante s’efforce de révéler.
Rencontrez-vous des difficultés avec certains clients, plus qu’avec d’autres? Au tout début de la consultation de voyance, je vérifie si je peux entrer en connexion avec mon consultant. C’est un préalable indispensable. S’il n’existe pas cette alchimie, cette communication intime et confiante entre deux êtres, aucune voyance n’est possible. Certaines personnes viennent consulter une voyante dans un état d’esprit négatif, avec un scepticisme chevillé au corps, en attendant que la voyante leur dise tout, découvre tout. Pour tester, sans doute, les capacités extralucides de la voyante. C’est un facteur de blocage rédhibitoire. Mais ces cas sont assez rares. Je préfère alors envoyer la personne chez une confrère, avec laquelle les choses se passeront peut-être mieux.
Quelle est la place de la voyance par téléphone dans vos consultations? Lorsque j’ai commencé mon activité de voyante, la voyance par téléphone représentait une part très marginale de mes consultations. En fait, il s’agissait surtout de suivis de consultations de voyance effectuées précédemment dans mon cabinet. Des entretiens destinés à préciser un point particulier, ou à répondre à une nouvelle question. Des conversations téléphoniques assez courtes, généralement gratuites, que je réservais à mes clients les plus fidèles. Le bouche à oreille m’a aidé à me constituer un premier noyau de clientèle. Néanmoins, n’habitant pas dans une grande métropole, la voyance par téléphone a été une opportunité pour élargir le cercle de mes clients. Aujourd’hui, la voyance par téléphone représente environ la moitié de mes consultations.
Y a-t-il un profil type de la personne qui va consulter une voyante? La voyance dépasse les clivages sociaux, éducatifs, culturels ou autres. Tout le monde, un jour ou l’autre, peut être amené à consulter une voyante, il suffit d’en ressentir le besoin. Un problème de couple, une rupture, des difficultés d’ordre professionnel, les raisons qui peuvent conduire à la voyance sont multiples. Ma clientèle est à l’image de la diversité de la société, c’est ce qui en fait le charme et l’intérêt.
Éprouvez-vous des cas de conscience lorsque vous percevez un événement dont l’annonce risque de perturber votre consultant? Lorsqu’une personne vient me consulter, je ne lui dis pas forcément ce qu’elle aimerait entendre, mais ce que je ressens, ce que je vois, en toute sincérité. Si je manquais à cette honnêteté intellectuelle, je ne rendrais pas service à mon interlocuteur. Je m’applique néanmoins à présenter les choses avec tact et diplomatie, en restant nuancée dans mes propos, en respectant surtout la sensibilité de la personne concernée. Pratiquer la voyance n’est pas une activité anodine, elle réclame une grande finesse psychologique, un doigté sans lequel on peut faire plus de mal que de bien.