Comment êtes-vous devenue voyante? Je crois avoir été, depuis ma plus tendre enfance, une voyante qui s’ignore. Le don de voyance ne s’est certes pas manifesté de manière flagrante, mais il y avait des prémisses. Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, j’ai toujours vécu sur le mode assez inconfortable d’une sensibilité exacerbée. Je ressens très finement le monde qui m’entoure, j’ai une confiance totale dans mes intuitions. Je n’ai jamais rattaché ces choses-là à un don de voyance, jusqu’à ce qu’un événement imprévu ne me serve de révélateur. Je devais effectuer un aller retour à Paris, en voiture, en compagnie d’une amie. Pour une raison que je ne m’explique pas aujourd’hui encore, j’ai eu la conviction qu’il ne fallait pas que je fasse ce déplacement. Une sorte de certitude intérieure, que rien ne justifiait, et que j’ai cru devoir bon de garder pour moi. A son retour, mon amie m’a raconté avoir réchappé d’extrême justesse à un grave accident. J’ai compris, dès lors, qu’un certain don de voyance sommeillait en moi, et que je pouvais utiliser ce don de voyance à des fins positives.
Sur quels modes consultez-vous? Le contact direct avec la clientèle constitue un des agréments du métier de voyante. Je reçois chez moi, sur rendez-vous, avec des horaires assez espacés pour éviter la saturation. La voyance me prend beaucoup d’énergie, et je ne pense pas être la seule voyante dans ce cas. Par ailleurs, deux jours par semaine, j’assure aussi des consultations de voyance par téléphone. Mais là encore, sur des plages de durée très limitées.
Quelle est la fiabilité de la voyance par téléphone? Je ne peux évidemment parler que pour moi, mais la voyance par téléphone m’apparaît tout aussi performante que la voyance en cabinet. Quand on a une personne au bout du fil, on saisit d’emblée, par la voix, son être intérieur, sa réalité profonde. On n’est pas influencé par les gestes, les attitudes, les postures du consultant, toutes choses qui s’invitent inévitablement dans une consultation de voyance en tête à tête. On y perd un peu au niveau du contact humain, forcément moins chaleureux, mais on y gagne en objectivité. Je n’irai pas jusqu’à dire que la voyance par téléphone est supérieure à la voyance directe en cabinet, mais elle représente une alternative tout à fait valable pour ceux qui hésitent à prendre rendez-vous chez une voyante, ou qui ne peuvent se déplacer.
Comment voyez-vous votre rôle auprès de vos clients? Mon rôle de voyante est « à géométrie variable », il doit s’adapter à la problématique et à l’attente du client. Je peux apporter un éclairage, une aide psychologique lorsque mon consultant se trouve dans une situation inextricable, pour lui permettre de prendre du recul, de gagner en lucidité, de mieux analyser les relations de causes à effet. Un rôle de conseillère, également, lorsque le client ne sait quelle option choisir face à de lourds engagements à venir. Mon don de voyance me permet aussi d’être une « lanceuse d’alerte », lorsque je sens que la personne qui est face à moi court un danger potentiel. Le métier de voyante permet d’intervenir à bien des niveaux. Il est si diversifié, si exaltant, que même s’il est difficile, on ne peut guère s’en lasser.
Comment procédez-vous lors d’une consultation? Comme je suis capable de voyance pure, je peux aisément me passer de support. Malgré cela, je démarre presque toujours mes consultations de voyance par un tirage de cartes, plus précisément de tarots. En fait, ce tirage de tarots représente davantage une mise en condition qu’un véritable éclairage sur le présent ou l’avenir de mon consultant. Disons qu’il constitue un rituel préalable, un rituel non indispensable, mais qui tend à me sécuriser. Mes visions de voyance n’apparaissent qu’ultérieurement. Les cartes appellent mes visions, elles les provoquent, tel un catalyseur. Mes flashes de voyance viennent d’ailleurs, et j’ignore leur provenance exacte.
Y a-t-il un risque de devenir dépendant à la voyance? Consulter une voyante est évidemment plus facile que d’aller voir un psychologue ou un thérapeute de couple, ne serait-ce que par la commodité offerte par la voyance par téléphone. Une partie de ma clientèle de voyance est constituée de clients fidèles, et certains liens finissent par se créer. J’ai ainsi des clients qui m’appellent fréquemment, parfois pour des motifs futiles. Quelques mots suffisent à les rassurer. La véritable dépendance à la voyance ne réside pas là. Elle concerne plutôt les personnes qui font du nomadisme en voyance, c'est-à-dire qui consultent beaucoup de voyantes différentes, pour savoir si la nouvelle voyante confirmera ou non les dires de la précédente. Le fait de fidéliser le client permet d’éviter cette dérive, et je m’efforce d’y contribuer.